Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée



lui lança le soc de charrue dans les jambes. Mal en prit à rimprudent. La bête fonça sur lui, le roula, le piétina si bien qu*il eut à peine la force de se traîner jusque chez ses maîtres et qu'en touchant le seuil il expira.

Après cela, les gens de Trégrom, quand ils apercevaient la truie d'un côté, s'enfuyaient de l'autre. Ce qu'il y avait de plus étrange, c'est que ses petils cochons noirs grisonnaient à mesure qu'ils avançaient en âge, mais ne grandissaient pas'«

A la fin on alla trouver le recteur, le supplier de délivrer le pays de ces animaux singuliers. On aurait voulu qu'il les conjurât. Mais il répondit qu'il n'y avait rien à faire.

— Attendez sept ans, dit-il. Ce terme [passé, vous ne les verrez plus.

Et, en effet, au bout des sept années, ils disparurent.

(Conté par Marie-Anne Prigent. ■— Bégard.)

Les âmes des gens dont Dieu ne sait pas, au moment de leur mort, s'il les sauvera ou s'il les damnera, sont condamnées à rester sur la terre sous la forme de corbeaux, jusqu'au jour du Jugement dernier*.

1. Au contraire, les petits cochons d'origine étrange que Thomas de Burca avait vendus au curé de Galway (Contes irlandais^ p. 45) grandissent étonnamment enune seule nuit.

2. Sur les âmes sous forme de corbeaux, cf. A. Le Braz, Au pays des pardons, p. 61 ; La terre du passé, p. 82. Le roi Arthur