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Son ami Tentraîna rapidement vers Tétang du moulin de Goazwad qui était à un quart d'heure environ de la ferme. Quand ils furent arrivés au bord de Teau, le revenant dit à son compagnon :

— Quitte tes vêtements, y compris tes sabots, et mets-toi tout nu.

— Pourquoi faire ? interrogea l'autre, un peu troublé.

— Pour entrer avec moi dans l'étang.

— Y penses-tu ? La nuit est bien fraîche, les eaux sont hautes, et je ne sais pas nager.

— Sois tranquille : tu n'auras pas à nager.

'— Du reste, après tout, advienne ce que pourra : je suis résolu à te suivre, quelque part que tu me mènes : je te suivrai.

A rinstant même, le mort se précipita dans l'étang et le vivant y fut aussi tôt que lui. Tous deux s'enfoncèrent, s'enfoncèrent, jusqu'à ce que leurs pieds eussent touché le sable. Le Cam tenait Courtes par la main. Celui-ci était tout étonné de respirer sous l'eau avec autant d'aisance que s'il eût été à l'air libre. Mais, par exemple, il grelottait de tous ses membres et ses dents claquaient aussi fort que des cailloux qu'on entrechoque. Il faisait un froid terrible dans cet étang glacé.

Au bout d'une heure peut-être qu'ils étaient là. Courtes, qui se sentait transi, s'informa :

•— Est-ce que j'ai longtemps à demeurer ici ?

— Es-tu donc si pressé de te séparer de moi ? repartit l'autre.

— Non, certes ; et tu sais bien que je ne suis