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tait de recevoir la visite du pauvre Pierre Le Cam, et pour rien au monde il n*eùt voulu qu'il le trouvât endormi.

Comme il songeait à toutes ces choses^ le cœur navré, voici que, sur le pavé de la cour, il entendit marcher. Au seul bruit des pas, il reconnut que c'était son ami qui venait vers lui. Et presque aussitôt, en effet, la porte de Téeurie, où il couchait, s'entr'ouvrit.

— Je ne m'étais pas trompé, pensa-t-il.

Si désireux qu'il fût de revoir celui qu'il aimait^ il ne laissa tout de même pas de tressaillir d'un frisson, quand la voix qui lui était chère demanda, dans l'obscurité :

— Dors-tu, François ?

Il répondit avec douceur :

— Non, Pierrik, je ne dors pas. Je t'attendais.

— Eh bien ! lève-toi, et viens.

Courtes ne s'enquit même pas où il le voulait conduire, et se leva sur le champ ; lorsqu'il fut rhabillé, il se dirigea vers la porte et, sur la pierre du seuil, il vit Le Cam debout, drapé dans son linceul. Comme il le regardait en ce triste accoutrement, d'un air affligé, Le Cam lui dit :

-^ Hélas ! oui, mon ami, ce linceul est désormais tout ce que je possède.

  • — Et comment es-tu, là-bas ?

— C'est pour que tu le voies que je suis venu te chercher, car j'ai le droit de te le faire voir par toi-même, si tu y consens, mais je n'ai pas le droit de te le raconter.

-^ Allons, repartit François Courtes^ je suis prêt*