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— Oai, mais. . repartit l'enfant, el mon père ?... et ma sœur ?...

— Entre. Ils t'attendent. Je t'avais laissé sur ce seuil pour y accomplir ta pénitence. Maintenant qu'elle est terminée, il t'est permis de les rejoindre.

Ce disant, l'ange emmena le boiteux en paradis. Dieu nous donne la grâce d'y aller à notre tour* !

(Conté par Louise Le Bec. — Scaër.)

1. J'ai recueilli plusieurs variantes de cette légende et de celle qui précède. Primitivement, ce devaient être des contes mythologiques à qui l'on a donné plus tard une signification chrétienne.

Dans une de ces variantes, au lieu du puits et du cheveu dont il est question plus haut, c est une mare (eur poull) qu il fallait traverser sur un fil de laine.

Quant au Voyage de lannih, il le faut comparer aux deux récits analogues que M. Luzel a publiés dans ses Légendes chrétiennes (t. I, p. 2i6 et 225 : Le petit pâtre qui alla porter une lettre en paradis). Dans une variante que j'ai recueillie à Bégard, le mort, un ancien capucin, remet à lannik une lettre à porter en paradis et une baguette blanche aussi pour Ty conduire. L'enfant voit en che- , min les mêmes choses extraordinaires ou terribles que danslaTcr-sion précédente. Seulement, au lieu de deux montagnes, ce sont deux arbres qui se battent : ils s'entre-choquent avec une telle fureur qu'ils lancent au loin fragments d'écorce et copeaux de bois. Vient ensuite une grande roue de feu, un treuil enV.^mmé (euntrawill-tan) qui barre la route. Puis, ce sont deux énormes faux disposées en croix, et qui fauchent tout ce qui est à leur portée. Plus loin, lannik voit, dans de beaux carrosses dorés, des hommes et des femmes magnifiquement vêtus, lis s'arrêtent pour boire et manger, avec des chants et des rires, à des tables surchargées de mets exquis, garnies de toute espèce de vins. Quand ils sont rassasiés, ils dansent, au son de mille instruments, sur de vastes pelouses^ de gazon fleuri. Mais, à l'extrémité du chemin quMli parcourent «i