Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée



térieur, tant sa vue était ravie par les oiseaux au plumage changeant qui voltigeaient à Tentour des tourelles.

— Tu as dû t'ennuyer en m'attendant ? lui dit son beau-frère, quand il revint. •

— Non vraiment, répondit le boiteux. Je ne comptais même pas vous revoir si vite.

— Si vite ! Depuis combien de temps crois-tu que tu es là ?

— Depuis peu de temps, à coup sûr.

— En effet, il y a tout juste cent ans.

— Cent ans !

— Oui. Et je pense que tu t*es suffisamment reposé de la route. Je vais maintenant t'expliquer ce que tu as vu dans le cours du voyage.

Les vaches grasses dans les champs sans herbe, ce sont les pauvres qui, sur terre, ont vécu de peu, sans se plaindre. Les vaches maigres dans les champs herbeux, ce sont les riches que leur fortune n'a jamais ^uffi à satisfaire.

Les chiens attachés par des chaînes, ce sont les méchants qui n'ont jamais fait qu'aboyer après le prochain et le mordre.

La citerne, c'est le puits de l'enfer. La mer de flammes, c'est le purgatoire. Quant à ce château, c'est le paradis^ et je suis un de ses anges. Dieu m'avait fiancé à ta sœur, parce qu'elle menait la vie d'une vierge.

L'ange poussa alors la porte qui s'ouvrit toute grande.

— Viens, Louizik, dit-il, tu vas désormais demeurer avec nous.

23


%'Google