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combréde ronces, d'ajoncs et d'arbustes de toute sorte, hérissés de piquants. Il y marcha tout droit. Aussitôt, devant lui, ou plutôt devant la baguette, un chemin s'ouvrit dans Tinextricable fourré. Ils^ engagea hardiment. A mesure qu'il s'enfonçait plus avant, le chemin se refermait par derrière, en sorte que lannik était comme noyé dans une mer d'épines, d'épines aiguës et tranchantes comme des poignards.

Il en sortit sans une égratignure.

Il arriva sur une espèce de plateau découvert. Et soudain surgirent de ce plateau deux montagnes gigantesques. Elles étaient si hautes, si hautes, que leurs cimes se perdaient dans le ciel. Elles se dressaient chacune à une extrémité de l'horizon. Celle de gauche était noire, celle de droite était blanche. lannik les vit s'ébranler toutes deux et fondre l'une sur l'autre avec une impétuosité qui donnait le vertige. Elles se heurtèrent si violemment qu'elles volèrent en éclats, avec un fracas immense, et pendant quelques instants, l'air fut obscurci par une grêle de pierres, blanches et noires. On eût dit une nuée de corbeaux aux prises avec une nuée de colombes*. C'était un spectacle épouvantable que cette bataille de deux montagnes. lannik pensait qu'elles s'étaient réduites l'une l'autre en poussière, tant leur choc avait été terrible. Mais il les aperçut, dressées de nouveau à chaque bout de l'horizon, et qui reprenaient leur élan sauvage.

1. Cf. ci-dessus, t. I, p. 91, note.