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— Jésus et Marie, secourez-moi !

Plus il criait après elle, plus elle s'entêtait. Alors il perdit toute patience.

— Je vous laisse trois minutes pour faire vos réflexions. Si, dans trois minutes, vous n'êtes pas devenue plus sageje commande aux douze grands diables mes pairs, de vous attacher, chacun à tour de rôle, à la queue de leurs chevaux et de vous traîner ainsi, toute nue, à travers la lande d* ajoncs.

Cette lande d'ajoncs était sur la pente d'une montagne, à l'autre extrémité de la prairie, et n'avait pas moins de sept lieues d'étendue. Les trois minutes écoulées, le chef des diables revint dans la chambre.

— Eh bien ? demanda-t-il d'une voix courroucée.

— Jésus et Marie, secourez-moi, dit Marthe Richard.

Les douze grands diables entrèrent aussitôt. Ils se saisirent de Marthe, la déshabillèrent toute nue, l'attachèrent par les cheveux à la queue d'un cheval entier, puis, fouettant la bête, s'élancèrent derrière elle en hurlant. Douze fois, la jeune femme subit cet épouvantable supplice. Les ajoncs enfonçaient leurs épines dans sa chair et la déchiquetaient par lambeaux. A la douzième fois, il ne lui restait plus qu'un souffle de vie, mais ce fut pour répondre à son seigneur et maître qui s'informait si elle serait plus sage :

— Jésus et Marie, secourez-moi !

— C'est bien, dit celui-ci. Holà ! vous autres, engluez-lui de résine tout le corps et mettez-y le feu,

^que je n'en entende plus parler.

Il espérait venir à bout d'elle par la crainte de ce