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CXII Jean rOr

Il était une fois un homme qui n'avait au cœur d'autre passion que celle de la richesse. Aussi l^avait-on surnommé Jean TOr. Il était laboureur de son métier, et travaillait jour et nuit à seule fin d'avoir, dans un temps à venir, son armoire pleine d'écus de six francs. Mais il avait beau peiner et suer, ce temps-là ne venait pas vite. La Basse-Bretagne, comme vous savez, nourrit son monde, mais ne l'enrichit pas, Jean l'Or se résolut à quitter une si pauvre terre. Il avait entendu parler de contrées merveilleuses où il suffisait, disait-on, de gratter le sol avec les ongles pour mettre à nu de véritables rochers d'or. Seulement, ces contrées-là étaient situées de l'autre côté du pays du bon Dieu, dans le domaine du diable. Jean l'Or avait été baptisé, comme vous et moi ; il se souciait assez peu de tomber entre les griffes de Satan. Mais sa passion pour l'argent le tenait si fort, qu'il se mit tout de même en route.

— Aussi bien, se disait-il, il n'est pas prouvé que ces rochers d'or soient la propriété du diable. Les gens qui l'ont prétendu voulaient sans doute décourager les benêts d'y aller voir, afin de garder le magot pour eux seuls. Quand le bon Dieu a partagé le monde