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CXI Le cheval du diable (autre version)

Alain Ar Guîllou, d'Elliant, avait été dans sa jeunesse un homme très pieux, dévotàTéglise, aimé^de son recteur. Il avait fait ériger, de ses deniers, dans un carrefour non loin de sa ferme, un calvaire en granit qui avait bien quinze ou seize pieds de haut et dont le « Seigneur Dieu » avait été sculpté par le plus habile tailleur de pierre de la Comouaille. Lorsque Alain Ar Guillou s'en revenait, le dimanche, de la messe, il ne manquait jamais, en ce temps-là, de s'agenouiller pour dire une prière ou deux au pied de « son » calvaire. Il pouvait lire sur le socle ses nom et prénoms, et aussi ceux de sa femme.

On dit quelquefois qu'il n'est que de vieillir pour s'assagir. Ce fut tout le contraire pour Alain Ar Guillou. En vieillissant, il s'encanailla. A mesure que grisonnèrent ses cheveux, son nez se prit à rougeoyer. On ne le vit plus à l'église, mais on le trouvait attablé dans tous les cabarets. Quant au calvaire, il ne s'arrêtait plus devant lui que pour lui crier des insultes» Il devenait fou furieux de songer qu'il avait payé « ce bon Dieu si laid » soixante écus de trois livres. Que de belle eau-de-vie il eût pu boire, avec ses soixante écus I

Tout d'abord, il ne se soùla que le dimanche. Puis