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CHAPITRE XXI


L’Enfer[1]


La route de l’enfer est grande, large, bien entretenue ; elle invite le voyageur à la prendre. Elle est jalonnée de quatre-vingt-dix-neuf auberges dans chacune desquelles on doit faire une station de cent ans. Des servantes aimables et jolies, comme le diable seul en peut avoir, y versent des liqueurs variées qui deviennent d’une saveur de plus en plus agréable à mesure que l’on approche de l’enfer. Si le voyageur résiste à la tentation d’en boire avec excès et peut arriver à la dernière auberge sans être ivre, il est libre de retourner sur ses pas : l’enfer n’a plus de droits sur lui. Mais, dans le cas contraire, on le pousse dans l’auberge, où l’attend, en guise de rafraîchissement, un horrible mélange de sang de couleuvre et de sang de crapaud. Désormais il appartient au diable, et tout est fini ;

(Communiqué par Victor Guérin. — Quimper, 1895.)

  1. Voir chez F. M. Luzel, Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne, un cycle de récits qui ont pour sujet le diable et l’enfer.