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niëre ferme, avant la montagne. Pour le reste, les gens de Tendroit te renseigneront.

— Bien, dit le domestique.

Et ayant chaussé sa meilleure paire de souliers, il se mit en route avec le chien. Joseph Rumeur les accompagna sur le seuil de l'aire.

— Garde-toi de frapper la bête, enjoignit-il à rhomme, en guise d'adieu.

Pendant les premières lieues, tout marcha à souhait. Mais, quand on fut sorti du pays de la plaine pour entrer dans le pays des Menez, le chien fit mine de tirer la langue et de vouloir se faire traîner. L'impatience gagna le domestique. Il jura et sacra.

— Trotteras-tu, vieille carcasse !

Et, oubliant la recommandation du maître, il brutalisa ranimai. Mal lui en prit, car le chien battu se coucha sur le sol et commença de geindre d'une voix humaine :

— 0 Yannik, pourquoi me frappez-vous ? Ne savez-vous donc pas que je suis votre ancienne maîtresse, Marie-Jeanne Pérennou ? Vous devriez vous souvenir combien j'étais bonne pour vous, lorsque je vivais,

Yannik le domestique fut si épouvanté qu'il faillit tomber à la renverse. La bête en profita pour essayer de lui échapper. Heureusement qu'il avait eu, au départ, la précaution d'enrouler et de nouer la corde autour de son poignet.

— Tu as de la chance, dit Marie-Jeanne en bavant de fureur ; si j'avais pu m'arracher de tes mains, j'aurais fait de toi un homme.

Il se le tint pour dit et se donna garde de toucher


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