Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée



plus haute et plus sauvage que le Méoez-Bré. Tout à Tcnlour, la terre était noire. Il n'y avait là ni herbe, ni lande, ni bruyère.

Arrivé au pied de la montagne, le recteur s'arrêta un instant :

— Nous entrons dans le leun Elez (le marais des roseaux), dit-il à Jobic. Quoi que lu entendes, ne détourne pas la tête. Il y va de ta vie en ce monde et de ton salut dans l'autre. Tu tiens bien l'animal, au moins ?

— Oui, oui. Monsieur le recteur.

Le lieu où ils cheminaient maintenant était triste, triste ! C'était la désolation de la désolation. Une bouillie de terre noire détrempée dans de l'eau noire.

— Ceci doit être le vestibule de l'enfer, se disait Jobic Ann Dréz.

On ne fut pas plus tôt dans ces fondrières que le chien se mit à hurler lamentablement et à se débattre avec frénésie.

Mais Jobic tenait bon.

Plus on avançait, plus la maudite bête faisait de bonds, et poussait de iou !... iou !. Elle tirait tellement sur la corde que Jobic en avait les poings tout ensanglantés.

N'importe ! il tenait bon.

Cependant, on avait atteint le milieu du leun Elez.

hurler les loups noirs]. Une chapelle, dédiée à TArchange, couronne, en effet, le sommet de la montagne qui porte son nom. (Cf. A. Le Braz, Les saints bretons dans la tradition populaire ; Annales de Bretagne, t. VIII, p. 228-229).