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— J’ai eu fort à faire avec lui, déclara-t-il au prône ; mais, maintenant, le voilà tranquille dans l'étang de Poulhalec, pour jamais.

Cet étang de Poulhalec était sur les terres de Pont-Lez, au bord de la grand’route. Chaque fois que Dom Coatmen venait à passer parla, dans la suite, le marquis soulevait la tête hors de l'eau, comme une grenouille, pour le regarder.

— Vous êtes donc toujours là, monsieur le marquis ? demandait le recteur.

— Comme vous voyez.

— Et qu’est-ce que vous y faites ?

— Vous le savez mieux que personne, puisque c’est vous qui m y avez mis.

— Si c’est ainsi, donnez-moi donc un peu de feu pour allumer ma pipe.

— Volontiers.

Dom Coatmen trempait dans l'eau le bout d’une petite gaule blanche, ensorcelée, dont il se servait comme d’une canne, et, aussitôt la gaule prenait feu, en sorte qu’il y allumait sa pipe ni plus ni moins qu’à un tison.

Ah ! le marquis de Pont-Lez, si marquis fut-il, avait trouvé son maître dans le recteur de Quéménéven.

(Conté par Le Bras, aubergiste. — Quéménéven.)

Un de mes camarades d’enfance, se rendant à l’école au bourg de Pleyben, par des chemins boueux, un jour d’hiver qu’il pleuvait à verse, fit rencontre