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Oa ne saurait écouter Thistoire — que vous venez d'entendre psalmodier, — à moins d'avoir l'insensibilité du tigre, — sans en être ému jusqu'aux entrailles.

Quand viendront les pauvres gens à votre porte, — répondez-leur avec déférence, — pour l'amour de Dieu ! -- Ils sont les membres de Jésus !

Donnez de bon cœur l'aumône ; — soyez assidus à la messe, — aux bonnes œuvres, aux prières, — et Jésus vous récompensera.

Pour conclure et terminer, — du fond du cœur je vous prie — de venir tous, avec dévotion, — à la maison du Seigneur Cbrist, au pardon.

Là, tenez-le pour certain, il y a des reliques, — qui sont entre les plus belles du pays, — et qui ont une efficacité toute spéciale.

— Deux fois par an on les porte (en procession).

A Pont-Christ on les porte d'abord, — dans la maison de Madame Marie. — A la fête de mai, entendez-le bien, — puis à la fête du Christ, on les sort.

Ainsi donc, ne manquez pas — de venir à Lochrist-ann-Izelvet

— gagner des indulgences, — le quatorze du mois de la paille blanche (septembre),

Ce jour-là se célèbre la solennité — du grand pardon, en ce lieu. — C'est pour nous une occasion de prier Jésus — qu'il soit à notre égard miséricordieux.

C'est là la traduction, aussi littérale que possible, d'une vieille gwerz bretonne, jadis très répandue dans le pays de Morlaix. Au pardon de Lochrist-ann-Izelvet, il s'en débitait des milliers d'exemplaires imprimés en feuilles volantes. Au temps où fut composée notre gwerz, ce pardon ne jouissait déjà plus de son antique faveur dans la dévotion populaire, si l'on en juge par la mélancolie du début, et surtout par la naïve réclame de la fin. Toutefois, il a conservé quelques fidèles ; aussi la complainte trouve-t-elle encore à se vendre. La preuve en est qu'elle se réimprime. L'exemplaire que j'ai entre les mains a eu pour éditeur Lanoë, le successeur actuel de Lédan, à Morlaix. Il est donc tout récent, malgré l'air ancien que prennent si vite toutes choses en Bretagne, et en par-