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ET CONJURÉS ^Sl

rance. — Sa femme, l'élue de son cœur, — se montrait au pauvre charitable. Pourtant, il advint qu*unjour — (prêtez votre attention à ceci,

— car c'est une chose horrible à ouïr), — il advint qu'un pauvre chercheur d'aumône

Se présenta dans leur ménage, — en quête de quelque subsistance. ^ Au nom de Dieu, il demandait — de quoi prolonger sa vie.

Si charitables que fussent les deux époux, ~~ la femme, en cette occasion, se montra dure — envers ce pauvre cher qui demandait au nom de Dieu l'aumône.

« Je suis fort pressée, dit-elle ; — J'ai à préparer le repas de mes gens. — Une autre fois, je vous viendrai en aide... — Pour l'instant, décampez 1 »

Le pauvre cher, malgré cet accueil, — toujours et toujours in-sistait î « Donnez^moi de quoi manger, disait-il, — car. j'ai"bien faim en ce moment.

« Il y a si longtemps que je n'ai mangé morceau I — Mon cœur de détresse se serre. — Au nom de Dieu, soulagez-moi, — ou je mourrai sur place, à coup sûr I »

La femme lui répliqua, — avec une colère des plus terribles :

— « Hors de céans, ou je vous chasserai, — en lâchant sur vous le grand chien I »

Elle se laisse entraîner par sa colère, — elle lâche le chien, aussitôt dit. — Mais la bête ne fait aucun mal au pauvre ; — elle ne fait que le flairer.

Et le pauvre de soupirer ; — et le cœur de lui manquer, — en se voyant ainsi abandonné, —• sans personne qui lui vienne en aide.

Du seuil de la maison il partit, — devant la porte dé la cour il mourut. —^ Deux chiens étaient à ses côtés, —• chose mystérieuse à comprendre l

Avec le chien qui avait été lâché, — un autre était survenu, — et il se tenait près du pauvre, lui faisant mille joies, — sans toucher à lui, en aucune sorte.

Quand rentrèrent les gens de la maison, pour le repas, — vieux et jeunes, tous furent étonnés — de trouver là cet homme, mort,

— sanà Un seul chrétien pioUr le garder.