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LXV La chance de Jean Daigou

Jean Duigou, marin-pêcheur à Landévennec, péchait une nuit, dans la rade de Brest, à quelques encablures de terre, tout seul dans son bateau. Tout à coup, d'un des bois qui couvrent cette côte, s*éleva un hurlement prolongé. Jean Duigou, pensant que c'était quelque farceur qui voulait lui faire peur, répondit par un hurlement semblable.

Une seconde fois, le même cri do détresse retentit. Et Jean Duigou d'y répondre encore.

— II commence à m'agacer, ce vilain singe ! se dit-il. Et s*il recommence, je lui riposte par un « coc'h ! »* qui s'entendra jusqu'au fond de la rade.

Il n'avait pas fini de se parler de la sorte que la voix du personnage invisible hurla pour la troisième fois :

— lou... ou... ou !

Alors, Jean Duigou, de toute la force de ses poumons :

— Coch évid'Oiit.,. oui... out,.. (M... pour toi !) beugla-til.

Mais le dernier son s'étrangla dans sa gorge. Quelqu'un se tenait dans le bateau, derrière lui, et lui

1. C est le mot de Gambronne en breton.


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