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sorte de supériorité intellectuelle sur les gens du peuple qui vivent de leur travail. N'ayant pas à se préoccuper de la vie matérielle, ils ont le loisir de cultiver leur esprit, d'orner leur mémoire. J'en connais qui sont de magnifiques discoureurs, d'autres qui philosophent. Tous sont des gazettes vivantes, des journaux ambulants. Il en est qu'on peut feuilleter comme un livre, comme une ce somme de traditions populaires ». Ceux-là font parfois école : ils lèguent à des disciples un enseignement oral ; ce sera vraiment grand dommage le jour où aura disparu le dernier d'entre eux.

I

LA PÉNITENTE DB LOCHRIST-EN-IZELVBT

Par la grâce du Seigneur Dieu le Père, — avec l'inspiration du bon Ange, — et le secours de la Vierge, — je voudrais composer une gwerz nouvelle.

Sur le sujet d'un lieu saint, — qui est en Basse-Bretagne. — S'il vous plaît de le venir visiter, «— vous n'y perdrez pas votre temps.

Dans l'ancien évôché de Léon, — il y a un lieu de dévotion, — en Guinevez, entendez-le, — à Lochrist-ann-Izelvet.

Autrefois, dans le viçux temps, — à Lochrist, il y avait une fontaine, — qui était fréquentée — par des pèlerins de tous pays.

Or, entendez-le, Bretons, — il y avait lieu de l'aller visiter, — car un miracle par jour était accompli — par l'eau de cette fontaine.

Dans une auge de pierre qui est là, — sous les yeux du Seigneur Christ, toujours, — on plaçait les gens afQigés (d'infirmités), — pour les y laver avec l'eau de la fontaine.

De cette fontaine partait — un joli canal qui déversait — l'eau dans un seau, qu'on allait quérir — en grande pompe et assistance.

Un prêtre vêtu de blanc — accompagné du sacristain, et l'étole au cou, — allait chaque jour aider — à laver dans l'auge les malades.

Oui, chaque jour, à tour de rôle, — on couchait des malades dans cette auge ; — et par la grâce du Christ béni, — tous y recouvraient la santé.