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XCIX Il ne faut pas médire des morts

Un meunier des environs de Concarneau avait proféré des paroles injurieuses pour la mémoire d'un mort. Un jour que le meunier était en train de repiquer ses meules, le mort se présenta subitement devant lui :

— Tu as mal parlé de moi, meunier, voleur de farine. Il faut que tu répares le tort que tu m'as fait.

Le meunier, pensant Tapaiser ainsi, offrit de lui donner un bon dîner.

— J'accepte, dit Taulre. Mais auras-tu assez de pain pour me rassasier ?

— J'y emploierai autant de farine qu'il sera nécessaire, répondit le meunier.

Et il fit cuire douze pains énormes. A l'heure fixée, le mort arriva et s'assit devant la table, chargée de victuailles, en compagnie du meunier et de sa femme. Mais il refusa de toucher aux mets •

— Dans ma condition, le seul aliment est le pain, déclara-t-il.

On lui passa une première tourte : en un clin d'œil il l'eut engloutie. Et il en fut pareillement de la seconde, de la troisième... Il n'y avait pas cinq minutes que le repas était commencé, et déjà il ne restait plus que deux tourtes.