Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée


père. Il se rendit à Técurie, sella Télalon, qui était le meilleur trotteur de la contrée, et se mit en route.

Le Mézou-Meur était un domaine situé en Louargat sur Fautre versant du Ménez-Bré*. Il appartenait à Ervoann Pennek, du chef de sa femaie qui était de par là. René^ pour y arriver, avait à parcourir quatre bonnes lieues. Et, à l'époque dont je vous parle, les routes ne ressemblaient guère à celles d'aujourd'hui. Jusqu'au Menez, le chemin n'était que fondrières. Il fallait compter ensuite l'escalade du Mont par des sentiers ravinés comme des lits de torrents, puis la descente du versant opposé, plus dangereuse encore que l'escalade.

— C'est toute une journée à passer dehors, s'était dit René Pennek en s'asseyant en selle.

Il entendait par là que c'était toute une journée sans voir sa « douce ».

Pour se mettre le cœur en repos, il fit un crochet et traversa la cour des Karis. Dunvel était en train d'étendre la lessive sur l'herbe du clos. René Pennek la serra dans ses bras et reprit sa route en sifflant une chanson joyeuse. Quant à Dunvel, il paraît qu elle fut

1. Voir t. I, p. 329-330.

Pédernec, où ma conteuse plaçait cette légende et Louargat sont deux communes situées de part et d'autre de la montagne, l'une au sud, Taulre au nord. Disons en passant que ce terroir du Ménez-Bré est l’un des plus féconds que je connaisse en légendes et en chansons. M. Luzel et moi nous avons faitdans cette région de très fructueux séjours. C'est là également que M. Bourgault-Du-côudray a noté les airs les pluâ originaux de ses Mélodi^ss populaires de la Basse-Bretagne.