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Vers 1856, trente-deux personnes affrétèrent une gabarre pour se rendre par mer au pardon de Benn-Odet, à l'embouchure de la rivière de Quimper. Le temps était beau. La traversée de la baie se fit sans encombre. Mais à l'entrée des Vire-Court*, en face de Lanroz, la barque chavira, probablement par suite d'une fausse manœuvre.

Ce naufrage fit grand bruit en son temps. Plusieurs années aprës^ le souvenir en était encore présent à toutes les mémoires, et les bateaux qui descendaient la rivière se garaient avec soin des parages où l'accident avait eu lieu. Us avaient souvent grand peine à s'en écarter. Une sorte de fascination sinistre les y attirait. Plusieurs même y sombrèrent par la suite. A chaque disparilion de ce genre, les marins de Quimper se murmuraient entre eux, à voix basse, sur le port :

— Ah ! vous voyez,... vous voyez !... Les anciens se sont fait remplacer... C'est des nouveaux qu'il faut se défier maintenant.

(Conté par René Alain. —Quimper, 1889.) *

Quand on fait remarquer aux femmes de l'île de

1. La rivière de Quimper, formée par la réunion de TOdet et du Steir, s'évase à 2 kilomètres de la ville, en une sorte de lac salé qu'on appelle la Baie. Au sortir de ce lac, elle s'étrangle de nouveau, et coule, rapide, en écrivant des circuits connus soi|S le nom significatif de « Vire-Court »,