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LES REVENANTS DANS LE ROMAN D' AVENTURE

Il lit alors le récit de son aventure, sans rien omettre, ni la perfidie du Juif, ni Tefficace reconnaissance du mort.

La femme de chambre courut au village voisin et en ramena barbier et perruquier. Jean Carré ne tarda pas à sortir de leurs mains identiquement pareil à ce qu'il était deux années auparavant, On lui fit alors prendre un bain et on le revêtit de son habit de mariage que sa femme avait pieusement conservé dans son armoire en souvenir de lui. L^Comme vous pensez bien, le Juif n'était au courant de quoi que ce fût. 11 surveillait dans la cour les apprêts du feu de joie, donnant des ordres à chacun, du ton insolent d'un parvenu, et se carrant déjà dans son orgueil de futur maître de la maison.

Sans cesse arrivaient des voitures, bondées de parents, éloignés ou proches. Le Juif les recevait à mesure, s'empressait, faisait l'aimable. Les gendarmes du chef-lieu de canton étaient là aussi ; on les avait convoqués, un peu pour assurer l'ordre, mais surtout pour rehausser l'éclat de la cérémonie nuptiale qui devait se célébrer le lendemain.

Soudain, on vit descendre la princesse. Elle prit à part le brigadier et lui chuchota quelques mots à l'oreille.

— C'est entendu ! répondit le chef des gendarmes.

Et il commanda de mettre le feu au bûcher.

La flamme s'éleva, pétillante etclaire. Acemoment, Jean Carré apparut, tenant son fils par la main, et suivi de sa marraine. Ce fut un vrai coup de théâtre. Le Juif était devenu couleur vert-chou. Deux gen-

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