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contracté une dette eavers toi. Tu m'as délivré quittance. Je suis désormais sauvé. Bon voyage, Jean Carré, et merci I

— C'est à moi de te remercier I s'écria Jean Carré, mais il n'y avait déjà plus sur la grève que lui et son ombre que la lumière de la lune découpait sur le sable.

Pour arriver plus vite à Kerdéval, il prit un sentier de traverse. La porte du manoir était encore close. Il dut attendre, assis sur les marches du seuil, que l'aube se fût levée, et, avecTaube, les servantes.

— Excusez-moi, dit-il alors, je suis un homme de bonne volonté. Je suis prêt à accepter beaucoup de travail en échange d'un peu de pain.

Il s'adressait en ces termes à sa marraine. Il la reconnaissaitbien, mais elle ne pouvait le reconnaître, à cause de ses cheveux qui lui pendaient dans le dos et de sa barbe qui s'étalait sur sa poitrine. D'ailleurs, la vue de la vieille avait baissé, par Teffet naturel de Tâge et aussi parce qu'elle n'avait cessé depuis la prétendue mort de Jean Carré de verser sur lui d'amères larmes.

— Entrez, brave homme, dit-elle. Savez-vous fendre le bois ?

— Vous en jugerez, si vous m'employez.

— Vous allez d'abord manger une écuellée de soupe, puis vous vous rendrez à la forêt que vous voyez là-haut, sur le penchant de la montagne. Vous y trou-

qu'il a à remplir (G. Dottin, Contes el légendes d'Irlande, p. 55-63 ; D. Hyde, J5e5ic ?tî <^e /îre, p. 21,45, 153 ; Larminie, West-Irish folktales and romances^ p. 155,167).


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