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LES REVENANTS DANS LE ROMAN D' AVENTURE

— Princesse, commença-t-il

— Inutile de poursuivre. Jean Carré est mort, n'est-ce pas ?

— Comme vous dites, princesse ! '

— Retournez donc au pays d'où vous venez.

— Sans vous ?

— Devant la grande mer, je fais ce serment. Rapportez-le à mon père. Je jure de ne retourner en Angleterre que lorsque la mort m'aura réunie à Jean Carré !

Ce soir même, Famiral reprenait le large.

Mais le Juif, lui, avait déserté.

AIsl trouble nuitf comme les vaisseaux avaient déjà dépassé la ligne bleue de l'horizon, il faisait son entrée au manoir de Kerdéval où demeuraient ensemble la marraine de Jean Carré et sa veuve.

Il les trouva qui pleuraient, enlacées.

— Faites excuse, dit-il dès le seuil, moi seul, je sais comment celui que vous pleurez a péri. J'ai vu l'amiral le jeter par-dessus bord.

Et il se prit à larmoyer, avec une désolation en apparence si vraie que sa douleur fit diversion à celle des deux femmes.

— Approchez-vous du feu ! dirent-elles.

Il raconta qu'il avait déserté, pour ne plus vivre sous les ordres d'un homme aussi criminel que l'amiral. Bref, il sut si bien se concilier les bonnes grâces de la marraine et de la veuve, qu'on le pria d'accepter l'hospitalité dans la maison. Croyez qu'il mit à profit son séjour. A force de parler de Jean Carrré, sur un ton de douloureuse sympathie, il finit par s'insinuer dans le cœur de la pauvre princesse. Elle