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180 LES REVENANTS

Il ne pouvait apercevoir la vieille mendiaate qui occupait précisément le coin de Tàtre situé à la tête du lit. Il eût fallu, pour qu'il la vît, qu'il se penchât au dehors. De quoi il n'avait nulle envie, attendu qu'il était un peu gourd, ayant festoyé dans la journée.

Il répéta toutefois sa question^ mais déjà rendormi à moitié :

— Que signifie ce feu ?

La servante allait répondre^ lorsque trois coups violents retentirent sur le banc tosseL

Le maître ne bougea plus.

Qui avait frappé ces trois coups ? C'est ce que la servante n'aurait su dire. La « groac'h » n'avait pas fait un mouvement ; les mains croisées sur ses genoux, elle aurait eu l'air d'une morte, n'était la plainte ininterrompue qui s'exhalait de ses lèvres et le grelottement qui secouait sa vieille peau.

La servante sentait sa peur de l'après-midi s'accroître d'une épouvante nouvelle.

— Chauffez-vous, marraine, dit-elle. Vous n'avez désormais qu'à entretenir la ilamme.

Et, en grande h&te, elle gagna son lit qui était à l'autre bout de la cuisine.

Une fois couchée, elle fit semblant de dormir, mais ne cessa de veiller d'un œil, quoiqu'elle fût bien lasse. Au premier chant du coq, elle vit la pauvresse se lever et disparaître.

— C'est bien une morte, pensa-t-elle ; elle s'en va, parce que son heure est venue.

Dès que l'aube colora le ciel, la jeune fille se rha-