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— Vous avez Tair d'avoir bien froid, ma brave femme ? dit la servante.

— Oui, répondît la « groac'h* », bien froid, en effet !

— Il pleut donc à verse que vos 'bardes sont trempées à ce point ?

Notez qu'il faisait nuit d'étoiles, sans an nuage, mais la jeune fille avait la tête si troublée depuis son aventure du jour, qu'elle ne savait même plus la couleur du temps,

— Approchez-vous du foyer, marraine^ reprit-elle, je vais rallumer le feu.

La pauvresse s'assit sur un escabeau qui était dans le coin de l'âtre. Mais elle continuait de grelotter, malgré la flambée d'ajonc sec que venait d'allumer la servante. El, tout en grelottant, elle gémissait, gémissait :

— laou^ ma Doué /... laou. .. laou. .. ma Doué, cous-coudé ! [Réldisl mon Dieu !... Hélas !.., Hélas ! Mon Dieu, cependant !)

— Par le Sauveur, supplia la jeune servante, ne vous lamentez pas ainsi ! Le maître couche dans le lit que voilà, et il s'est endormi, ce soir, sur son mécontentement. Si vous le réveillez, il ne fera pas bon ici pour vous.

Elle achevait à peine de parler ainsi, à voix basse, que le maître se réveillait.

— Que signifie ce feu ? cria-t-il.

1. Qroac'h est pris tour à tour en bonne ou en mauvaise parti Il signifie vieille sorcière ou simplement vieille femme.



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