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A peine eul-il achevé ces mots que la commissionnaire se trouva seule parmi les tombes ; Le mort avait disparu. Thorloge de Téglise minuit sonnait. La pauvre femme se sentit toute transie ; elle s'empressa de remonter dans sa carriole et atteignit enfin à sa maison. Le lendemain, quand GlaudaGofF vint prendre livraison de son tabac, elle trouva Marie-Job au lit :

— Vous êtes donc malade ? lui demanda-l-elle avec intérêt.

— Dites que je louche à ma passion, lui répondit Marie-Job Kerguénou. C'est à cause de vous ; mais j'ai assez vécu, je ne regrette rien. Ayez seulement Tobligeance de m'envoyer unprêlre.

Elle mourut le jour même, Dieu lui pardonne ! Et, après qu'on Teut mise en terre, il fallut également planter « Mogis » ; il élait complètement froid, quand on alla voir dans sa crèche*.

(Conté par Annellès, mendiante. — La Clarté.)

1. Un mort qui avait demandé à sa sœur d*être enterré à Lan-houarneau, et dont celle-ci n'avait pas respecté les dernières volontés, ouvre sa tombe et se fait porter, sur le dos de sa sœur, du cimetière de Plougar où il était à celui de Lanhouarneau (Sauvé, Revue des traditions populairest t. II, p. 267-268).

A cette légende, on peut comparer, en Irlande, la dramatique histoire de Tadhg 0 Calhain forcé de porter sur son dos pendant une longue nuit, de cimetière en cimetière, un cadavre, jusqu'au moment où il a trouvé le cimetière et la fosse toute ouverte où il doit le déposer {Annales de BretagnCj t. VIII, p. 5U-547). En Irlande, on croit que les morts ne reposent pas s'ils ne sont pas mis en terre à côté des membres de leur famille (lady Wilde, An-cicnt legendSy p. 82). Un jeune homme, enterré loin des siens, fut enlevé de sa tombe par un convoi de fantômes, la nuit même qui suivit son enterrement {ibid.y p. 118).