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LXXXIX L*iiistoire de Marie-Job Kergnénou

Marie-Job Kerguénou était commissionnaire à l'Ile-Grande, en breton Enès-Veur,sur la côte trégorroise. Une fois la semaine, le jeudi, elle se rendait à Lan-nion, pour le marché, dans une charrette à demi « dé-clinquée », attelée d'un pauvre bidet. Quant au harnais, plus misérable encore que la bête, il élait, comme on dit, tout sur ficelles. C'était miracle que la vieille et son équipage ne fussent pas restés vingt fois en détresse dans la route de grève, coupée de fondrières vaseuses et semée de roches, qui, aux heures de mer basse, met l'île en communication avec le continent. D'autant que Marie-Job était toujours de nuit à franchir ce passage, parlant le malin bien avant Taube et ne rentrant guère qu'avec la lune, quand il y en avait. C'était miracle, pareillement, qu'elle n'eût jamais fait de mauvaise rencontre, car enfin ce ne sont pas les rôdeurs qui manquent dans ces parages de Pleumeur et de Trébeurden, et les marchandises dont la carriole de la commissionnaire rapportait habituellement sa charge étaient pour tenter des gens peu scrupuleux qui ne se livrent à la quête des épaves de mer que parce qu'ils n'ont pas mieux à glaner.

On lui demandait quelquefois :