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LXXXVIU L'homme au hoyau

Yves Lesquéren, de Piouguiel, avait prêté à Louis Hamon, son voisin et son ami, de quoi acheter un hoyau neuf à la foire de Tréguier. Louis Hamon vint à mourir peu après, sans avoir eu le temps de rendre l'argent, et Yves Lesquéren, qui n'était pas riche, montra du regret à celle somme.

— Je ne lui pardonne pas de ne me Tavoir pas remboursée, ou, du moins, de n'avoir pas averti sa femme qu'il me la devait, dit-il un jour en parlant du défunt, sans, du reste, attacher grande importance à ce propos qu'il avait oublié huit jours après.

Or, uu matin qu'il était aux champs en train de défoncer la terre pour planter des betteraves, il fut bien surpris de voir quelqu'un qui portait un hoyau presque neuf franchir le talus, traverser les labours et venir se mettre au travail à côté de lui.

— Qui es-tu, demanda-t-il à ce compagnon inattendu, et qui t'a prié de me donner assistance ?

— Tu ne connais donc plus Louis Hamon, répondit l'autre.

— Comment ! Tu es mort, et le voilà !

— Dame ! C'est toi qui Tas voulu.

— Moi ?

— N'as-tu pas dit que tu ne me pardonnais pas