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remarier avant six ans. D'ici là, il ne sera pas entièrement veuf. S'il n'attend pas que ce délai soit expiré, il fera croître ma pénitence.

— Je le lui dirai, prononça Mac'harit. Et moi, ne puis-je rien polir toi ?

— Si, vous pouvez supplier en mon nom Notre-Dame de Bon-Secours, de Guingamp, afin qu'elle continue à m'ètre favorable.

— C'est bien. Mais de ce qui est dans la maison n'y a-l-il rien qui te convienne ?

— Je n*ai besoin de rien.

— Tu vis, cependant. Explique-moi donc comment tu fais pour vivre ?

— Vous voyez, je suis vêtue de haillons. Ce sont les vêtements que vous donnez aux pauvres. Je me nourris de même du pain que vous leur distribuez*.

Ce disant, elle disparut. On ne la revit plus. Elle est sans doute sauvée, car sa mère accomplit son vœu à Notre-Dame de Bon-Secours, el son mari atteildit sept ans pour reprendre femme,

(Conté par Fantic Omnès. — Bégard, 1887.)

1. Pour qu'an mort ne reste pas nu dans l'autre monde, il faut distribuer ses habits à des amis ou à des pauvres. Ceux-ci ne doivent les porter d'abord qu'à la messe, pendant trois dimanches consécutifs et les asperger chaque fois d'eau bénite. Cette obligation accomplie, ils peuvent s'en vêtir quand et comme ils le veulent (Curtin, Taies of the fairies, p. 10). En général, tout ce qu'on distribue aux pauvres lors des funérailles.sera rendu avec intérêt au défunt dans l'autre monde (Mac Phail, Traditions, customs and superstitions of the Lewis, Folklore, t. VI, p. 170). Voir ci-dessous, récit LXXVIII.