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portrait. De sorte que Gamm ar Guluch resta veuf, avec l'enfant. Mais il n'était pas honnnie à faire durer son veuvage. Et comme, malgré son infirmité, c'était un assez joli garçon, qui gagnait bien, il trouva vite un autre parti.

Moins de trois mois après la mort de Louise-Yvonne Marquer, il se remariait avec une jeune fille de Saint-Gonéry qui était, comme caractère, tout Topposé de sa première femme. Aillant celle-là était d*humeur mélancolique, recherchant peu les réunions et ne se plaisant que dans son intérieur, autant celle-ci aimait à courir, à danser, à s'ébattre.

— Cette fois-ci, j'ai eu une « vive la joie », disait le cordonnier, le soir de ses noces.

Ces noces avaient eu lieu dans la semaine de Pâques, dans la saison où s'ouvre la période des « pardons ». A partir de cette époque, comme vous savez, il y a tous les dimanches fête quelque part. Or, Jeanne Luzii-ron, la nouvelle femme de Camm ar Guluch, avait décidé qu'elle n'en manquerait pas une.

Le mari fit bien quelques objections, dans le début, à cause de l'enfant, car ce n'était pas, au fond, un mauvais père.

— Bah ! lui répondit la fille Luzuron, ça pousse toujours, un enfant !... Et puis, c'est pour vous, n'est-ce pas, que je vous ai épousé, non pour cette petite pleurnicharde.

Pleurnicharde, l'enfant l'était devenue, en eiïel, sans doute parce qu'elle se sentait abandonnée. Pendant que son père et sa marâtre allaient se promener et festoyer de-ci de-là, ne rentrant parfois qu'à une