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Chaque fois qu'elle part pour un de ces pèlerinages, elle va d'abord s'agenouiller au cimetière, sur la tombe du défunt, et frappe trois coups sur celte tombe avec la petite gaule blanche, insigne de sa profession, en interpellant le mort en ces termes :

— Vous aviez fait vœu, de votre vivant, d'aller en pèlerinage à tel endroit. Vous n'y êtes pas allé. Pour le repos de votre âme, j'y vais à votre place. Soyez avec moi, mais ne marchez ni devant ni derrière moi : restez à mon côté.

Une fois, je revenais du Relecq où j'avais été en pèlerinage pour un enfant mort.

J'étais partie de très bonne heure : il ne faisait pas encore jour, mais la nuit était claire et toute pleine détoiles. J'approchais de Morlaix, lorsque, par trois fois, je vis une robe blanche, comme en ont les anges dans les églises, traverser et retraverser le chemin, devant moi.

Peu après, comme j'arrivais au moulin à papier, ayant levé la tête vers le ciel, je vis trois étoiles sauter, s'écarter, laisser un grand espace vide, comme pour faire place aune autre que je ne distinguais pas.

J'en conclus que mon pèlerinage avait réussi. (Jacquette Craz, pèlerine, — Lanmeur.)