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LXXVIII Les deux vieux arbres

Ceci se passait à Plougaznou, il n'y a pas encore très longtemps.

Il y avait là, dans une pauvre petite ferme, un bravo homme et sa femme qui, n'ayant pas le moyen de battre leur blé à la machine, le battaient au fléau. Du lever du soleil à son coucher, ils besognaient de concert, Thomme conduisant le branle et la femme réglant son pas sur le sien.

Vous pensez si, la journée close, ils retrouvaient leur lit avec plaisir, bien que le matelas en fût de paille de seigle et les draps de grosse toile de chanvre. C'est à peine s'ils prenaient le temps de souper de quelques patates et de réciter une courte prière : l'instant d'après, ils étaient allongés côte à côte et ronflaient à qui mieux mieux.

Le dernier soir pourtant, quand ils furent gwastel^ comme on dit, l'homme parla ainsi à sa femme :

— Radegonda, chez les riches, quand l'août est fini, il y a fricot, le soir, pour les batteurs. Moi, si vous me donniez le fricot dont j'ai envie, vous me

1. Gwastel a proprement le sens de gâteau, mais il sert aussi à désigner Ja fin du battage. Être gwastel, c'est avoir fini de battre.