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LI

La fille au linceul

C'était aux environs de Morlaix, dans un endroit dont je ne sais plus le nom. Il y avait là une auberge tenue par un homme et sa femme. Comme domestique, ils n'avaient qu'une jeune servante, fille de joyeuse humeur, prompte à rire et à se moquer.

Un soir, deux jeunes hommes de la contrée vinrent s'attabler à l'auberge. Ils invitèrent à boire avec eux l'hôtelier, sa femme et la servante.

On causa d'abord, comme entre gens de connaissance, puis quelqu'un proposa une partie de caries, qui fut acceptée.

Quand on joue, le temps passe vite.

Les deux jeunes gens furent désagréablement surpris d'entendre tout à coup sonner onze heures. Ils avaient bien une lieue de chemin à faire pour rentrer chez eux, et mauvaise route.

— Sapristi ! dit l'un d'eux, nous allons nous trouver dehors à une heure peu chrétienne... Qu'eu penses-tu, Jacques ?

— Oui, Fanch, répondit l'autre, il n'est pas bon de battre les sentiers, à pareille heure. Pour ma part, je ne suis pas rassuré du tout.

— Eh bien ! intervint l'aubergiste, pourquoi ne restez-vous pas coucher ?