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faut jamais se risquer dans les cimetières, la nuit, sous peine de malheur. Si l'on est contraint, pour quelque motif, d'y passer, on le peut, cependant, sans dommage, à la condition que ce soit aux heures impaires, neuf heures, onze heures, etc..

L'arbre consacré des cimetières bretons est l'if. Il n'y en a généralement qu'un par cimetière. On dit qu'il pousse une racine dans la bouche de chaque mort*.

1. Le cimetière de Lanrivoaré renferme les corps de 7.727 saints ; on n'y peut entrer qu'après s'être déchaussé  ; un étranger qui y avait pénétré en sabots tomba à la renverse, ses entrailles autour de lui. Dans un coin du cimetière, on voit des pains métamorphosés en pierre parce qu'un seigneur qui surveillait la cuisson de son pain avait refusé d'en donner un morceau à un pauvre (Sauvé, Le cimetière des saints, Annuaire des traditions populaires, t. II, p. 20-23).

2. Dans une légende bretonne bien connue, le lis merveilleux qui pousse sur la tombe de Salaiin l'insensé sort de la bouche même du cadavre (Fréminville, Antiquités de la Bretagne, Finistère, p. 128). En Irlande, c'est du corps de Noiséet deDeirdré que sortent les deux arbres qui ont poussé sur leur tombe (Voir ci-dessous, ch. xiu). En Cornwall, on ne touche jamais aux arbustes du cimetière ; si on en arrachait les feuilles ou les branches, on serait visité la nuit par les esprits (M. A. Courtney, Cornish folklore, The Folklore Journal, t. V, p. 218).