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La ballade de l'Ankou

Vieux et jeuaes, suivez mon conseil. —"Vous mettre sur vos gardes est mon dessein ; — Car le trépas approche, chaque jour, — Aussi bien pour l'un que pour l'autre.

— Qui es-tu ? dit Adam, — A te voir j'ai frayeur. — Terriblement tu es maigre et défait  ; — Il n'y a pas une once de viande sur tes os!

— C'est moi l'Ankou, camarade ! — (C'est moi) qui planterai ma lance dans ton cœur ; —Moi, qui te ferai le sang aussi froid — Que le fer ou la pierre !

— Je. suis riche en ce monde ; — Des biens, j'en ai à foison  ; — Et si tu veux m'épargner, — Je t'en donnerai tant que tu voudras.

— Si je voulais écouter les gens, — Accepter d'eux un tribut, — (Ne fût-ce) qu'un demi-denier par personne, — Je serais opulent en richesses!

Mais je n'accepterai pas une épingle, —Et je ne ferai grâce à nul chrétien, — Car, ni à Jésus, ni à la Vierge, — Je n'ai fait grâce même.

Autrefois, les « pères anciens »1 — Restaient neuf

i. Les patriarches.