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fendu de veiller. Quand j'eus constaté qu'il reposait, j'essayai de m'assoupir à mon tour. Mais, à ce moment, les cahots d'une charrette se firent entendre. C'était d'autant plus surprenant qu'il n'y avait aucune voie charretière dans le voisinage de notre maison. Lorsque nous étions venus l'habiter, nous avions dû y transporter nos meubles dans des brouettes. Cependant c'était bien vers notre maison que se dirigeait la voiture. Le cri de l'essieu mal graissé se faisait de plus en plus distinct[1]. Je l'entendis bientôt tout contre le pignon. Je me levai sur les genoux. Dans le mur auquel s'appuyait le bois de lit, il y avait une lucarne. Je regardai par cette lucarne, pensant que je verrais passer la charrette. Mais je ne vis rien que l'aire toute blanche, au clair de la lune, et les formes noires des arbres sur les fossés des champs. L'essieu continuait pourtant de grincer, et la charrette de cahoter. Elle fit le tour de la maison une première fois, puis une seconde, puis une troisième. Au troisième tour, un coup formidable s'abattit sur la porte[2]. Mon mari se réveilla en sursaut :

    fille paraît toute lumineuse au moment même où son père mourait (p. 255-256). A la suite d'un naufrage, on aperçoit des lumières sur la grève (p. 212).

  1. Cf. la charrette de l'Ankou, ch. iii.
  2. Trois coups frappés à la porte sont un intersigne de mort (Le Calvez, La mort en Basse-Bretagne, Revue des Traditions populaires, t. III, p. 45). En Irlande, si à minuit, pendant trois nuits successives, on entend frapper à la porte de la maison, c'est un intersigne de mort (Deeney, Peasant lore from Gaelic Ireland, p. 55-60). En Écosse, l'intersigne consiste en trois coups frappés