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satisfaire, et il y a chez lui une tendance marquée à se figurer que la vie ancienne était préférable. Il ne réfléchit pas que cette vie ancienne a été le présent pour les générations antérieures et que, ce présent-là, les générations d’alors ne le goûtaient pas plus qu’il ne goûte, lui, le présent actuel.

L’éternel malentendu dont il est dupe consiste à croire que l’âge d’or est derrière nous, alors qu’il est devant nous et qu’il n’entrera dans le domaine des réalités qu’autant que nous nous en ferons les artisans. Faut-il pour cela opérer une rupture complète avec le passé ? Je serais le dernier à le souhaiter, supposé que de pareilles ruptures soient possibles. Mais je voudrais du moins que le respect du passé, en ce qu’il eut de respectable, ne dégénérât point en idolâtrie. Chateaubriand, qu’on n’accusera pas d’être un témoin suspect, protestait déjà contre cette « manie du passé » qu’il ne cessait, dit-il, de combattre. « L’immobilité, déclarait-il, est impossible. Force est