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Bretagne…

Cet avenir de la Bretagne dont votre jeune phalange se préoccupe à si juste titre, on a pu croire un instant, j’ai cru moi-même, que d’autres jeunes gens, vos aînés, se levaient pour s’y atteler d’un cœur enthousiaste et d’un esprit désintéressé. Nés du peuple pour la plupart, ils avaient résolu d’aller au peuple, de se refaire peuple avec lui, et, en lui parlant sa langue, sa vieille langue ancestrale, la langue de ses prières, de ses sentiments, de ses souvenirs, de le conduire, comme par la main, avec douceur, avec tendresse, dans la voie des destins nouveaux. Pour mieux s’en faire suivre, ils appelèrent la poésie à leur secours : en Bretagne surtout, la lyre est une bâtisseuse de cités. Mais, partis pour bâtir la cité future, voici que nous les vîmes tout à coup rebrousser chemin vers les ruines du passé. Jeunes camarades, personne plus que moi ne sent et ne vénère la beauté des ruines ; mais une ruine restaurée est une laideur et un contre-sens : on ne reconstruit