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le maintien en tutelle des classes dites inférieures) ne peut plus, pour dominer, se prévaloir uniquement de sa naissance ou de sa richesse. Il n’est plus le chef-né, le native ruler, comme disent les Anglais. Aujourd’hui que le pays choisit lui-même ses gouvernants, le noble n’a plus qu’une façon de rester chef, et c’est de solliciter un mandat électif, mandat de conseiller général, ou de député, ou de sénateur. Aussi est-ce la tactique qu’il met communément en œuvre. Quittant le donjon d’où il commandait autrefois, il descend parmi les gens de la glèbe. Il leur dit : « La Révolution qui m’a dépouillé de mes privilèges vous a fait libres : usez vite de cette liberté pour me rendre sur vous mes anciens droits de maître. « Ou plutôt il ne le dit pas ; il y a des hypocrisies électorales qu’il faut savoir pratiquer. Mais les procédés dont il se sert aujourd’hui sont-ils donc si différents de ceux qu’employaient ses pères ?

Il n’y a plus la contrainte physique, il est vrai : mais il y a la pression morale, d’autant plus odieuse qu’elle