Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des parents alcooliques. Sur cette fatalité, nous avons peu d’action. L’État, d’ailleurs, est presque obligé de l’encourager, sous peine de provoquer un énorme déficit dans son budget.

Toutes ces fatalités, que nous créons sans relâche, finissent par devenir si puissantes qu’il devient presque impossible de les dissocier.

Un livre récent de monsieur Cruppi, ancien ministre du commerce, en fournit un excellent exemple. On y voit comment un ministre, en apparence tout-puissant, peut demeurer très impuissant à rien réformer dans son propre ministère, et se trouve obligé de subir l’anarchie qu’il y constate. L’auteur nous révèle le désordre prodigieux des services administratifs qu’il espérait vainement pouvoir diriger : disputes perpétuelles des employés, confusions des responsabilités, manque d’unité dans le commandement, organismes vieillis, etc.

Pendant les deux années qu’il resta en fonctions, ce ministre n’est parvenu à aucune modification utile, et on voit bien dans son livre qu’il n’a pas très nettement compris les motifs de son impuissance, puisque le seul remède proposé par lui est de "changer la morale même de la démocratie par la réforme électorale".

Pour réussir à combattre les forces réelles qui conduisent les choses, il faut mieux les connaître.

Les fatalités sentimentales sont peut-être les plus redoutables de toutes par leurs conséquences. C’est pourquoi l’humanitarisme, forme inférieure du christianisme, devient un des fléaux de la France moderne. Il ronge sans relâche les bases de l’édifice social. C’est par humanitarisme, je l’ai déjà montré, que nous avons créé tant de lois génératrices de révolutions redoutables. C’est par humanitarisme encore que furent introduit les voyous dans l’armée au risque de la désorganiser entièrement. Par humanitarisme toujours, nous réservons à ces voyous des prisons bien chauffées, pourvues de tout le confort moderne et fort supérieures au logement de la plupart des ouvriers.

Grâce aux humanitaires, les assassins se multiplient dans d’effrayantes proportions. En quelques années le nombre des meurtres a triplé. Il a fallu une véritable explosion d’indignation publique pour décider le gouvernement à laisser guillotiner des assassins ayant rôti leurs victimes à petit feu. Quand la funeste race des philanthropes s’abat