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LIVRE VI

L’évolution anarchique et la lutte contre la désagrégation sociale




CHAPITRE I

L’anarchie sociale


Il n’était ni pacifiste ni humanitaire, le consul Marcius Censorinus, mais il savait utiliser la psychologie de ses adversaires.

Quand ce subtil guerrier se présenta devant Carthage, la grande cité passait pour la plus riche capitale du monde antique. Les arts, le commerce y florissaient et les pacifistes également. Après avoir longuement vanté à ces derniers les bienfaits de la paix et maudit les horreurs de la guerre, Censorinus conclut en leur disant : "Livrez-moi vos armes et Rome se chargera de vous protéger." Les pacifistes (gens de mentalité toujours médiocre), s’empressèrent d’obéir. "Livrez-moi maintenant vos vaisseaux de guerre ils sont encombrants, d’un entretien coûteux et bien inutiles puisque Rome vous défendra contre vos ennemis."

Les pacifistes obéirent encore. "Votre soumission est louable, leur dit alors le consul. Il ne me reste plus qu’un sacrifice à vous demander. Pour éviter une révolte possible, Rome m’ordonne de raser Carthage. Elle vous autorise, d’ailleurs, à vous établir dans le désert, sur le point que vous choisirez, sous condition qu’il soit situé à 80 stades de la mer."

Alors seulement les Carthaginois comprirent les dangers du pacifisme et, devant la perspective assurée de mourir de faim dans les sables, entreprirent de se défendre. Il était trop tard. Carthage fut prise, incendiée avec tous ses habitants et disparut de l’histoire.

Cette aventure, bien qu’un peu ancienne, contient cependant d’assez modernes enseignements. J’imagine qu’elle a dû, après la première grève des postiers, hanter