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suivre sont d’une utilité quelconque. Le cours d’analyse supérieure, le cours de mécanique, ils les suivent avec entrain ; ils sont entraînés par les mathématiques spéciales. Mais faites un cours de ponts et chaussées, de chemins de fer, d’architecture, ils disent : cela, c’est bon pour les maçons, les ouvriers. Alors Il faut pendant des mois faire campagne pour leur faire comprendre qu’on ne vit pas d’algèbre[1].

§5. LES RÉSULTATS DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE L’ESPRIT UNIVERSITAIRE.

Bien que la question de l’enseignement supérieur sorte du cadre de cet ouvrage, je suis obligé d’en dire quelques mots, car, si notre enseignement secondaire est à ce point défectueux, c’est que l’enseignement supérieur ne vaut pas davantage. Dans tous les pays où l’enseignement supérieur est bon, l’enseignement secondaire l’est nécessairement.

L’enseignement supérieur se trouve caractérisé chez nous, comme l’enseignement secondaire, par la récitation des manuels, l’entassement dans la tête de théories, qui n’y resteront que jusqu’au jour de l’examen. Le licencié, le polytechnicien, le normalien, doivent en réciter plus que le bachelier, et il n’y a pas entre eux d’autres différences.

La même méthode mnémonique est appliquée à toutes les formes de l’enseignement. C’est elle qui rend notre production scientifique si médiocre et nous met dans une position si inférieure à l’égard de l’étranger. Nos agrégés, nos docteurs, nos ingénieurs, ont appris bien plus de choses que leurs rivaux étrangers, et pourtant dans la vie ils leur sont inférieurs. Ils appartiennent trop souvent à ce type spécial, artificiellement créé par notre

  1. Enquête, t. Il, p. 503. Buquet, directeur de l’École Centrale.