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laire se répercute sur les cellules du cerveau par les sensations, se fixe dans les centres de projection sous forme de perception et d’images. Pour augmenter la réceptivité du cerveau, l’éducation rationnelle veut qu’on varie la nature des mouvements des travaux manuels, pour intéresser successivement tous les groupes cellulaires. De ces faits il résulte que, pour développer la région motrice totale du cerveau, il faut multiplier les exercices amples et variés, et les régler de façon à aiguiser la sensibilité et la perception, à faire jaillir la pensée et à fortifier la volonté. Il en résulte aussi que si le mouvement devient habituel, il peut se faire sans réflexion et il cesse de développer les cellules motrices ; dès lors, il n’a plus de valeur éducative. Ce n’est que dans la première période d’excitation que l’action des travaux manuels est efficace. Des exercices, poussés au delà du stade éducatif, peuvent devenir des moyens pour préparer à des travaux plus avancés d’ordre professionnel, mais ils ne sont plus à ranger parmi les branches qui contribuent à la formation générale.

Les travaux manuels variés se réduisent à quatre grands systèmes : 1° le système pédagogique, d’origine suédoise ; 2° le système technique, de provenance russe ; 3° le système social ; 4° le système artistique.

Le système pédagogique, représenté par le sloyd[1], considère les travaux manuels, au même titre que les mathématiques, le dessin, les sciences physiques, etc., comme un instrument de culture générale, intégrale, exerçant l’attention, la perception exacte et le raisonnement et tendant au développement harmonique de toutes les facultés. Il repose sur le principe de Froebel : l’éducation par l’action, et a sa source dans l’œuvre scolaire de Coegnus, de Finlande. Il a été élevé à la hauteur d’un système par l’école normale de Naas, en Suède, de là a envahi le monde civilisé, en se transformant suivant les latitudes, les mœurs, la mentalité des races.

Le choix des modèles est la pierre de touche du système. Ces modèles doivent inspirer un intérêt tel que l’élève applique à leur exécution son effort volontaire et toutes ses facultés. Dans ce but, il convient de les adapter aux conditions variables de la capacité, du goût, des mœurs, du milieu, etc. : là se trouve le point capital des méthodes de sloyd ; l’intérêt ne se trouve pas dans les modèles mêmes, qui ne sont pas inaltérables, mais dans les raisons immuables qui en sont la base : la difficulté croissante et progressive des exercices, l’effet de certains outils sur le développement musculaire, la capacité des élèves d’exé-

  1. De l’expression suédoise Slojold, qui signifie travaux manuels.