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d’intéresser les professeurs des Facultés à leurs élèves et de les obliger à se mettre à leur portée. La formule est très simple. Ce sont les élèves qui paient les professeurs, et, comme il y a pour chaque ordre d’études plusieurs professeurs libres, l’élève va vers celui qui enseigne le mieux. La concurrence oblige donc le professeur à s’occuper soigneusement de ses élèves. Réunir autour de lui beaucoup d’auditeurs et publier des travaux personnels, est le seul moyen, il le sait, d’être appelé à devenir titulaire d’une chaire importante, dont le principal rapport consistera d’ailleurs dans les rétributions des élèves. En France, le professeur de Faculté est un fonctionnaire à traitement fixe, n’ayant aucun intérêt à captiver l’esprit de ses auditeurs et se plier à leur intelligence. Pas besoin d’être un profond psychologue pour comprendre que s’il était payé par eux, son intérêt entrerait immédiatement en jeu, et que, sous l’influence de ce puissant mobile d’action, il serait vite obligé de transformer entièrement ses méthodes d’enseignement. S’il ne savait pas les transformer, ses concurrents l’obligeraient à disparaître.

Malheureusement, un changement aussi capital, le seul qui amènerait la transformation de notre enseignement supérieur d’abord, et, par voie de conséquence, celle de notre enseignement secondaire, est radicalement impossible avec nos idées latines. Les bien rares tentatives faites dans ce sens par l’initiative privée ont été l’objet des persécutions de l’Université sitôt qu’elles ont réussi. Elle ne tolère un peu que celles qui échouent. Je me souviens qu’il y a une vingtaine d’années, le Dr F*** avait ouvert pour les étudiants en médecine un cours