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teurs, race, milieu, etc., qui maintiennent solidement les choses créées par le passé. Le sens des possibilités est malheureusement une des aptitudes dont certains peuples, les Français surtout, sont très dépourvus.

Quand on examine de près les réformes radicales proposées par diverses personnes consultées dans l’enquête, il est facile de prouver, non pas seulement qu’elles sont sans valeur théorique, mais qu’elles n’ont en outre aucune chance d’être appliquées.

Elles n’en ont aucune, pour des raisons diverses que nous examinerons, mais dont la principale est qu’elles heurteraient une opinion publique toute-puissante aujourd’hui. Notre enseignement, et surtout nos méthodes d’enseignement, sont aussi mauvais que possible, mais correspondent aux exigences d’une opinion qu’ils ont d’ailleurs contribué à former.

Un simple coup d’œil jeté sur quelques-unes des réformes suggérées, fait comprendre pourquoi elles sont irréalisables dans la pratique.

On propose, par exemple, de transférer dans les campagnes les lycées établis dans les villes, comme l’ont fait depuis longtemps les Anglais, afin de donner aux élèves de l’air et de l’espace pour leurs jeux. La réforme peut sembler parfaite, mais comme les statistiques recueillies dans l’enquête révèlent que les quelques lycées édifiés à grands frais et avec luxe à la campagne n’arrivent pas à se peupler, parce que les parents tiennent à garder près d’eux leurs enfants, le projet apparaît de suite impraticable. Comment forcer en effet les parents à changer leurs idées sur ce point ?