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faire de façon à intéresser ses élèves. Commençant par l’étude de la morale chez les animaux, le professeur décrirait les sociétés animales, puis montrerait comment on peut donner, par création de réflexes, à certains animaux, des sentiments de moralité supérieurs, parfois, à ceux de l’homme parce que la raison ne vient pas comme chez ce dernier se superposer aux réflexes acquis. Passant ensuite à l’histoire des civilisations, il montrerait de quelle façon les peuples sont sortis de la barbarie dès qu’ils ont pu acquérir des règles morales assez stables, et comment ils y sont retournés quand ils les ont perdues.

Descendant ensuite de ces généralités pour arriver à l’individu, le professeur ferait voir à l’élève que celui-ci n’est qu’un fragment de sa famille et ne serait rien sans elle, d’où ses devoirs envers sa famille, que cette famille n’est qu’un fragment de la société et ne vivrait pas sans elle, d’où ses devoirs envers la société. Ayant chaque jour à nous appuyer sur l’ordre social, nous sommes aussi intéressés à sa prospérité qu’à la nôtre. La société a, dans une très petite mesure, besoin de chacun de nous individuellement, mais nous avons beaucoup plus besoin d’elle. De ces considérations évidentes découle la nécessité d’observer certaines règles de conduite.

Leur ensemble constitue la morale. Ces règles varient nécessairement d’un peuple à un autre, puisque les sociétés ne sont pas partout identiques et évoluent lentement, mais pour un temps et un peuple donnés elles demeurent, je le répète, invariables. C’est seulement quand elles sont solidement fixées dans les âmes qu’un peuple peut s’élever au sommet de la civilisation.