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volonté, il faudrait multiplier énormément les occasions pouvant se présenter pour eux d’exercer ces qualités maîtresses. Elles suffisent à assurer le succès d’un homme dans la vie, si modestes et difficiles que soient ses débuts. Rien ne résiste à une volonté forte et persévérante, les physiologistes savent qu’elle triomphe de la douleur même[1]. L’histoire nous montre qu’elle peut triompher aussi des hommes et des dieux et que par elle se sont fondés les plus puissants empires.

L’histoire nous apprend aussi que c’est par l’affaiblissement de leur caractère — et jamais par celui de leur intelligence — que les peuples périssent. Quand on lit les récits de la désastreuse campagne de 1870, ce qui frappe d’abord, c’est l’absence totale, chez les chefs de tout grade, des qualités de caractère. On constate en eux le même manque total de décision, de hardiesse et surtout d’initiative. Les combinaisons stratégiques des Allemands étaient des plus simples, mais les officiers, quel que fût leur grade, possédaient de l’initiative et savaient ce qu’il fallait faire dans un cas donné, alors même qu’ils ne recevaient pas d’ordres. Nous ne possédions que le courage, qualité pouvant suffire avec les petites armées de jadis qui manœuvraient sous les yeux d’un chef. Elles valaient ce que valait le chef et un homme

  1. Jusqu’ici, écrit le Dr Eifer, on a peu tenu compte de la volonté du sujet dans l’apparition de phénomènes regardés comme hystériques. Je rapprocherai des faits divers observés de divers côtés le cas d’un amateur européen que j’ai connu aux Indes. Ayant vu les exercices des fakirs, il voulut les imiter. En appliquant fortement sa volonté, il s’enfonçait de longues aiguilles dans les joues et dans les mains sans souffrir aucunement, et les plaies restaient exsangues. S’il négligeait de vouloir, au contraire, il souffrait et la plaie saignait. Pour gagner sa vie comme prodige, il suffit donc de vouloir, mais il faut vouloir fortement et longtemps, cela n’est pas donné à tout le monde. »