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nant pour raison « qu’abandonner un projet pour éviter un léger inconvénient est dangereux pour le caractère ».

Les Anglais connaissent bien la valeur de ces qualités viriles, et c’est pourquoi elles provoquent toujours chez eux une vive admiration, même quand ils les rencontrent chez leurs ennemis. J’emprunte au journal la France de demain l’extrait suivant d’un discours prononcé au collége d’Epsom par lord Rosebery :

Lorsque nous apprenons qu’un homme, en quelque lieu que ce soit, s’est élevé au-dessus de ses compagnons, par ses qualités viriles, nous l’admirons et nous l’honorons, sans nous soucier du pays auquel il appartient. Je veux vous donner en exemple un homme dont le nom est familier à la plupart d’entre vous. Je veux parler du colonel Marchand. C’est un Français. Il y a peu de temps, il accomplit un voyage de trois années à travers l’Afrique, de l’Ouest à l’Est, au prix d’incroyables fatigues, entouré et suivi par des sauvages qu’il sut s’attacher, et il réussit dans son entreprise d’une manière qui couronne à jamais son nom de gloire. Et j’ajoute qu’après avoir accompli son devoir il se comporta avec une telle dignité et modestie qu’il est un des hommes que les Anglais ont plaisir à honorer. L’an dernier, comme quelques-uns d’entre vous le savent, son devoir le plaça dans une collision momentanée avec les intérêts de l’Angleterre. Mais, je suis convaincu que malgré cet incident passager, si le colonel Marchand venait en Angleterre, il aurait une réception le cédant seulement à celle qu’il eut dans son propre pays. Et toujours il en a été ainsi en Angleterre. Les plus chaleureuses réceptions qui ont été faites à Londres, dans la dernière moitié du siècle, ont été faites à des étrangers.

J’ai assisté à l’enthousiasme en l’honneur de Kossuth, dont bien peu d’entre vous peut-être ont entendu parler. Les Anglais voyaient en lui un homme, et leur cœur bondissait pour le saluer. Ma mémoire d’enfant se rappelle les drapeaux et les décorations qui l’accueillirent. L’autre réception fut offerte à Garibaldi. Garibaldi fut reçu avec un tel honneur que personne jamais, excepté la princesse de Galles, à son arrivée, n’en reçut un semblable. Pour quelle raison ? Parce qu’il était un homme.

Les Latins possédant peu de persévérance et de