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relations d’abord accidentelles, difficiles et variables, finissent par devenir régulières et faciles. L’acte est alors inconscient, mais non pas encore héréditaire et ne peut constituer, par conséquent, un instinct. Il ne pourra le devenir qu’après avoir été répété pendant un grand nombre de générations. C’est seulement lorsqu’il est devenu héréditaire, et n’a besoin, par conséquent, d’aucune éducation pour se manifester, que l’acte inconscient mérite le nom d’instinct.

Il suffit d’observer les animaux qui nous entourent pour voir comment les réflexes créés par des associations, d’abord conscientes, naissent, se fixent au moyen de l’hérédité, et se transforment suivant l’éducation et les nécessités d’existence auxquelles ils sont soumis. C’est un sujet bien peu étudié encore, mais sur lequel l’attention se fixera dès que l’on s’apercevra qu’il peut avoir pour la détermination des méthodes à employer dans l’éducation de l’enfant une importance prépondérante.

Les exemples connus d’instincts nouvellement créés chez les animaux domestiques ne sont pas encore nombreux. On sait cependant que l’arrêt chez le chien, devenu héréditaire aujourd’hui, et par conséquent instinctif, a été créé autrefois par le dressage. Nous voyons d’autres actes analogues en train de devenir héréditaires, mais qui ne le sont pas encore tout à fait. Tel, par exemple, celui consistant à déjouer la ruse spéciale du cerf qui substitue un autre cerf à lui-même lorsqu’il est fatigué par la poursuite des chiens. Il y a soixante ans seulement, d’après M. Couteaux, que dans le Poitou, on a su dresser les chiens à combattre cette ruse. Ils n’exécutent pas encore d’une façon instinctive les manœuvres néces-