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l’inconscient dans la vie de chaque jour est immensément supérieur au rôle du raisonnement conscient. Le développement de l’inconscient se fait par formation artificielle de réflexes résultant de la répétition de certaines associations. Répétées suffisamment, ces associations créent des actes réflexes inconscients, c’est-à-dire des habitudes. Répétées pendant plusieurs générations, ces habitudes deviennent héréditaires et constituent alors des caractères de races.

Le rôle de l’éducateur est de créer ou de modifier ces réflexes. Il doit cultiver les réflexes innés utiles, tâcher d’annuler ou tout au moins affaiblir les réflexes nuisibles. Dans certaines limites, nous pouvons former notre inconscient, mais une fois formé, il est maître à son tour et nous dirige.

Ces réflexes artificiels, modificateurs de l’inconscient, se créent toujours par des associations d’abord conscientes. L’apprentissage de la marche chez l’enfant, celui du piano ou d’un art manuel quelconque chez l’adulte, montrent les résultats de ces associations.

Les réflexes engendrés par l’éducation n’ont pas naturellement la fixité de ceux qu’a consolidés l’hérédité, et c’est pourquoi l’éducation ne peut qu’atténuer les caractères des races.

S’ils ne sont pas exercés sans cesse, les réflexes acquis par l’éducation tendent à se dissocier. Issus de l’habitude, ils ne sont maintenus que par l’habitude. L’équilibriste, l’écuyer, le musicien ont besoin de s’exercer constamment pour éviter la dissociation des réflexes qu’ils ont péniblement acquis.

Les réflexes peuvent être opposés aux réflexes. Une volonté forte suffit souvent à les dominer. Lors-